In Bed With Tintin

Nous faisons tous un jour l’expérience de Proust et de sa madeleine. Des souvenirs d’enfance enfouis refusent de se livrer à nos efforts de reconquête, à notre mémoire volontaire, avant que notre mémoire involontaire, aidée par une simple sensation, ne nous dévoile à l’improviste des pans cachés de notre enfance.

Expérience personnelle avec Tintin :

La mémoire volontaire

Une fois les bandes dessinées de l’enfance remisées dans un coin de la maison familiale, Tintin a continué de refaire quelques apparitions dans ma vie.
Un de mes profs de fac commençait systématiquement ses semestres par la distribution d’une planche tirée de Tintin au Congo.
Son but était de mettre en évidence l’importance que la critique littéraire devait accorder à l’Histoire. « L’écriture et la lecture sont toujours historicisées. Hergé et ses préjugés n’échappent pas à son époque, de même que nos jugements sont empreints des idéologies contemporaines ». S’ensuivait l’étude du Congo d’Hergé puis de l’Algérie de Camus.
Cette année encore, Raphaël Enthoven consacrait une semaine à Tintin dans Les nouveaux chemins de la connaissance. Nouvelle occasion de se remémorer la Castafiore, Moulinsart, le capitaine Haddock… Les noms et les images associées étaient bien là mais dans une contemplation froide qui n’avait rien de commun avec celle de l’enfance.

La mémoire involontaire

Le relais H est le lieu de passage obligé pour toute attente prolongée dans une gare. À la recherche du temps perdu de la revue qui m’aiderait à patienter, je suis tombé sur un hors-série du Point et d’Historia consacré à Tintin et ses personnages. Quelques pages feuilletées et je sortais de la boutique pour commencer à lire l’ouvrage spécialement sorti pour l’occasion dans le format dédié à la BD : couverture cartonnée, images, couleurs, même l’odeur y était.
C’est donc avec cet objet que je me suis mis au lit. Et l’Effet Madeleine de Proust a fonctionné. Le dos calé par un gros oreiller, l’album ouvert, la grande couverture cartonnée tenue à deux mains et le coin de l’album planté dans la couette.
Il n’en fallait pas plus pour que me reviennent les images de soirées de lecture à la lumière de la lampe de chevet qu’il faudrait éteindre au passage des parents qui pourraient voir le rai de lumière sous la porte. Et le premier Tintin achevé, se lever sur la pointe des pieds sans faire grincer les lattes du plancher qui pourraient alarmer les oreilles parentales puis revenir se nicher dans son lit en quête de nouvelles aventures tintinolesques.

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