La télévision Dans la maison d’Ozon

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François Ozon a l’habitude de ménager un espace entre le film et la réalité en théâtralisant son cinéma (Huit femmes, Potiche). Dans ce nouveau film, il n’emprunte plus aux codes du théâtre, mais aux séries américaines, il télévisionalise ses scènes.

Les lycéens, par une pirouette scénaristique, portent l’uniforme. La maison en bois, a l’allure des maisons américaines de banlieue. Le père et le fils « Rapha » sont de dignes supporters d’une équipe de basket. Le couple Fabrice Luchini-Kristin Scott Thomas paraît lui, plutôt tiré d’un film de Woody Allen : un écrivain raté et une galeriste.

On pourrait se demander si cette attirance pour les codes télévisés américains ne sont pas là pour assurer au film une carrière internationale, ou au moins permettre à François Ozon de gagner son passeport pour Hollywood. Si c’était le cas, une partie du contrat est remplie puisque le film a déjà remporté des prix dans deux festivals internationaux : Saint-Sébastien et Toronto.

Mais la réflexion que pousse Ozon sur le statut du spectateur et de l’auteur le conduit à nous manipuler de plusieurs manières. Ce qui nous est raconté, la diégèse, pourrait faire penser à Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino : le film ne cesse de s’embarquer sur des voies toujours différentes : tour à tour film d’amitiés adolescentes, film d’initiation amoureuse, film policier, … Dans la maison joue avec les genres avec des changements infinitésimaux comme les toiles exposées dans la galerie « Le labyrinthe du Minotaure » : le fil que nous fait suivre Ozon nous perd avant de nous faire tomber sur une fin monstrueuse et évidente. La distance ensuite, créée par ces décors aux allures de séries télé américaines : l’univers reste assez familier pour que nous nous laissions bercer par ce semblant de réel mais pas suffisamment pour que cette inquiétante étrangeté nous interroge sur les stratégies de l’auteur : qui manipule qui ?

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