Heimat : le rêve puis l’exode

21040232_20130913160307939Prendre la route, quitter les siens, son pays et s’installer à l’autre bout du monde. Comment germe cette idée si folle que des familles mettent leur vie en péril dans pareille aventure ? C’est la question tristement d’actualité que pose Edgar Reitz dans son diptyque Heimat I- Chronique d’un rêve II- L’exode. Dans la Prusse de 1842, le film dévoile un point aveugle des fictions et de l’actualité. La représentation de l’émigration est trop souvent limitée au passage d’une frontière, ou à une partie de cache-cache avec les autorités. Rarement on s’attarde sur cette idée qui germe : il serait possible de vivre mieux ailleurs. Pas encore tout à fait un rêve, mais déjà une envie.

Dans son village, Jakob découvre les récits des premiers aventuriers au Brésil, et sa passion pour les langues indiennes. Sa famille retiendra que l’Amérique du Sud est le pays où les roses éclosent en hiver. Et ces idées de traversées de l’Atlantique se transmettent bientôt à un ami, à un frère. Mais dans un retournement tragique, Jakob apprendra que certains rêvent ne se partagent pas, tous les enfants ne peuvent pas s’exiler.

La naissance de ces rêves, tout comme cette humanité curieuse du monde et avide d’espoir sont occultés dans le spectacle que l’on nous offre des rescapés du naufrage de Lampedusa. C’est l’une des qualités de ce film que de réaffirmer la grandeur de cette expérience humaine, l’exode, aboutissement d’un rêve.

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