Woody Allen et Voltaire. Postérité : mode d’emploi

Woody Allen et Voltaire ont le talent et l’humour en partage, mais pas seulement.
Faire rire, faire jouir, séduire. Oui, mais comment ? Être connu et reconnu dans un genre populaire, ça aide.
Si le nom de Voltaire reste aujourd’hui attaché aux contes, de son vivant c’est dans le théâtre et la tragédie qu’il a voulu briller. Pourtant, parmi la cinquantaine de pièces jouées, seule Zaïre laissera une petite trace. C’est donc à l’ombre de la prestigieuse tragédie, dans un genre plus léger, le conte, que François Marie Arouet connaîtra la postérité.
Et si Woody Allen connaissait le même destin artistique ?
Depuis ses débuts je le vois bien meilleur auteur que réalisateur, surtout ces dernières années. Dans Minuit à Paris comme dans ses derniers films, il s’applique à construire des images léchées de carte postale, délaissant peut-être un peu son génie du gag et de la répartie.
C’est en visionnant un autre film plus léger, destiné au petit écran, que l’on peut retrouver tout le génie de gagman de Woody Allen.

 

Le couple de traiteurs en voyage en URSS et pris à tort pour des espions se réfugie à l’ambassade américaine :

– Nous sommes de bons chrétiens.
– Comment peux-tu dire ça ?
– C’est pour dire qu’on est des gens biens.

Un autre couple se forme, et Woody Allen s’amuse des codes du genre:

– Le pire des scénaristes ne penserait pas à une telle rencontre dans une ambassade.

L’ambassadeur revenu constater les catastrophes provoquées par son fils :

– Au fait ta mère a appelé, elle veut ton certificat de naissance.

Diffusé en France sous le nom de Nuits de Chine,  le format pourrait rappeler la série Palace, l’humour en plus.

Les dialogues ne font pas tout, Woody Allen a su s’entourer de comédiens taillés pour la télévision (Michael J. Fox) et donner le rythme que l’on retrouve dans les comédies au théâtre.

Pour le théâtre où notre gagman est si doué, c’est du côté d’Adultères qu’il vous faudra aller lire. Nous sommes plus du côté de la comédie de situation, les bons mots ne fusent pas mais le plaisir est là.

Mes préférés, enfin: ses recueils de nouvelles – mille idées par page, jeu avec les références culturelles (religion, littérature, cinéma, …), légèreté du ton – quelques pages concentrent au moins autant d’inventions qu’un de ses derniers films. J’en viens à regretter qu’il ne prenne pas plus la plume que la caméra.

La postérité de Woody Allen passera-t-elle par le même chemin que celle de Voltaire ? La légèreté et l’intelligence du comique vieilliront-elles mieux dans son cinéma que dans ses textes ? Retiendra-t-on les derniers films aux allures de cartes postales ou les textes qui fourmillent d’inventions comiques ?

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