Alain Finkielkraut invitait Marie de Gandt, maître de conférences, à gauche sur l’échiquier politique, ancienne plume de Nicolas Sarkozy et Michel Schneider, énarque et psychanalyste français à discuter de La politique à l’âge de la communication.
L’émission a apporté quelques réflexions intéressantes sans être révolutionnaires sur la conduite du pouvoir sous un régime médiatique.
Le goût du pouvoir ?
S’engage-t-on en politique par goût du pouvoir ou porté par l’intérêt général ?
La politique est encore considérée comme une activité où l’ego règne en maître, dans les faits la majesté du pouvoir n’existe plus : le président est librement tutoyé ou insulté. Il y a davantage de coups à prendre en politique que dans d’autres postes de pouvoir.
Qui détient le pouvoir ?
Dans le triangle politique-media-citoyen, le politique est-il vraiment au sommet ? Pour M. de G. la politique continue d’avoir une emprise sur le réel : le quinquennat de Sarkozy a changé la France, Hollande transforme le pays. Pour M.S le pouvoir est aux mains des médias et des agences de notation.
« Autrefois les journalistes devenaient politiques, aujourd’hui les politiques deviennent journalistes ». Ce goût du pouvoir peut y être comblé plus facilement sans avoir à souffrir de ses désagréments. Cette attirance pour le pouvoir et la reconnaissance fabrique des citoyens râleurs sur les réseaux sociaux ou des journalistes comme Edwy Plenel. « S’ils ne sont pas satisfaits les citoyens râleurs devraient avoir le courage de se présenter devant le peuple. »
Ère de la mauvaise foi
Dans cette inflation de l’information où le discours politique est partout présent, les journalistes ne s’intéressent plus qu’au pathologique, à ce qui dépasse, aux lapsus.
L’événement devient purement médiatique et prend une signification en dehors de toute Histoire. Lorsqu’on oblige le politique à répondre à l’actualité dans l’urgence médiatique, la politique perd de vue le long terme et donc de sa substance. Pour Rocard, ce régime médiatique rend la politique impossible.
Cette société de la méfiance à priori encourage le doute. Le poujadisme ambiant fait qu’on doute d’abord de plus haut que soi et donc du politique.
L’intérêt général
Notre société ne rassemble plus, chaque intérêt particulier (ex des Bonnets rouges) se manifeste au détriment de l’intérêt général. Pour Machiavel, en politique il faut être aimé ou respecté. En désirant par dessus tout être aimé, le politique est finalement détesté. Il doit absolument accepter d’exercer pleinement le pouvoir, la population doit ensuite accepter l’exercice de ce pouvoir.
La communication
Sur Twitter la communication politique prend la forme du dialogue privé. Or en démocratie la distinction vie privée/publique est primordiale et ce dialogue court-circuite la représentation nationale qui elle seule devrait porter la volonté générale.
Les intellectuels
« L’intellectuel n’oppose pas à l’Homme d’État l’intégrité de l’esprit mais le radicalisme de l’inexpérience » (Nicolás Gómez Dávila)
M. de G. déplore que la politique ne soit pas un univers d’intellectuels. « Ils devraient faire l’effort de venir se salir les mains plutôt que de jouer les consultants. »
(En passant, souvenir de Finkielkraut) « Quand Sarkozy fait venir un intellectuel, c’est lui qui parle »
Photo : couverture de Sous la plume de Marie de Gandt
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