De quoi Bernard Menez est-il le nom ?

Le Gros, la Vache et le Mainate

de Pierre Guillois

   Comme pour beaucoup, Bernard Menez était pour moi le Tony Musulin du braquage de banques, le Luc Ferry de la philosophie, le Chuck Norris de l’Internet : une inépuisable source de blagues faciles, ou autres incongruités qui ont pu faire de Bernard Menez le roi des ringards.

   Mais ça, c’était avant le drame… enfin, la comédie ou plutôt l’«opérette barge» comme l’a surnommée son auteur, Pierre Guillois.

   À la recherche d’une sortie au théâtre, pressé pas le temps, je fais confiance à la programmation du Théâtre du Rond-Point. Le Gros, la Vache et le Mainate ? Le titre me plaît bien. L’affiche beaucoup moins, mais c’est un peu une habitude du Théâtre du Rond-Point : leurs affiches sont identifiables… horribles mais identifiables. « 4 places restantes »… pas le temps de vérifier si les critiques sont positives : je valide.

   Je googlise Le gros, la Vache et le Mainate, pour visionner quelques extraits : déjà hâte d’y être pour voir ces deux tantes cracher sur un nouveau-né : la pièce me semble barrée à souhait. Je poursuis les recherches. L’auteur : Pierre Guillois, connais pas, mais ses collaborations (Ribes, …) laissent augurer du plutôt bon. Metteur en scène (combien de textes gâchés par les metteurs en scène, un coup d’œil, on sait jamais) : Bernard Menez… Je connais bien un acteur de ce nom mais plutôt spécialiste du théâtre de Boulevard, sûrement un homonyme. Je googlise, je wikipédie… je commence à paniquer. Pas d’homonyme. Bernard Menez est bien LE BERNARD MENEZ. J’obtiens confirmation dans une interview accordée à un journal télévisé régional : Bernard Menez a bien mis en scène la pièce sur laquelle j’ai posé une réservation. J’ai pas pris d’assurance annulation. Mais j’ai pas non plus l’esprit assez aventureux pour assister aux prestations des successeurs de Jean Lefebvre (ça se dit «digne successeur» pour Jean Lefebvre ?). Oui, je suis plein d’a priori et je les assume. La curiosité et la bonne impression laissée par les extraits vidéos l’emportent et me conduisent tout de même vers le Théâtre du Rond-Point.

   La salle est presque pleine. Quelques scolaires s’installent juste un rang devant, s’il faut en plus supporter leurs bavardages… Et le rideau se lève.

Donc ça parle de cul… de cul et de bite et de tout ce qu’on peut faire avec. Les premiers rires fusent et les lycéens s’écrasent, gênés, dans leur fauteuil.

L’Adonis de la pièce apparaît sur scène une première fois en pompier, et je comprends pourquoi le magazine Têtu est partenaire de la pièce.


Les provocations s’enchaînent, la salle hurle de rire. Les lycéens, sidérés, restent cois.


Ça pète, ça bouffe, ça baise… mais avec des sociétaires de la Comédie-Française. L’honneur est sauf. Vous pourrez le raconter demain à la machine à café.

   Ayez une pensée émue pour ce prof qui devra expliquer aux parents d’élèves qu’une grosse dame qui chevauche un cercueil en se frottant et en gémissant, ça peut être le signe d’un profond désespoir.

   Bernard Menez ne sera donc plus le chanteur de « Jolie poupée », il sera désormais l’homme de Le Gros, la Vache et le Mainate.

   Et Bernard (après ce que j’ai vu, je me permets de t’appeler Bernard), quand tu iras chercher ton Molière, évite les « si j’ai fait des nanars et du boulevard, c’était pour manger ». Tu as fait cette pièce, tu vaux déjà mieux que Galabru rien que pour ça, plus besoin de te justifier.

   On pourrait finir sur quelques considérations sur le théâtre de foire et l’histoire de la farce mais quand c’est drôle on dit plus simplement : « Enfin, on a bien ri »

Le Gros, la Vache et le Mainate
opérette barge
texte Pierre Guillois
mise en scène Bernard Menez
avec Olivier Martin-Salvan, Jean-Paul Muel, Luca Oldani, Pierre Vial et, en alternance avec Pierre Guillois, Gregory Gerreboo
piano Laurian Daire en alternance avec Chris Cody

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