Amour de Michael Haneke
Mourir, cela n’est rien
Mourir, la belle affaire
Mais vieillir ô vieillir
Le refrain de Brel évoque assez bien le sujet du film de Michael Haneke.
Comme souvent dans les films traitant de la fin de vie, le réalisateur se concentre sur les rapports humains qui se tissent et se délitent entre le mourant et ses proches. Le scénario fait délibérément l’impasse sur les conditions de vie (et de mort) à l’hôpital, qui reste malgré tout le lieu où l’on meurt le plus. Comme dans Les Invasions barbares de Denys Arcand, l’argent arrange tous les détails liés à l’inconfort des soins en milieu hospitalier, pour mieux saisir les souffrances qui ne sont plus simplement physiques.
Ces souffrances deviennent celles d’une génération qui a atteint la vieillesse : la solitude d’un couple qui s’isole de ses enfants éloignés, de ses voisins. Les soins médicaux ont gagné en technicité mais perdu en humanité. Enfin, ceux qui s’étaient jurés de ne jamais sombrer dans une dépendance infamante s’enferrent pourtant, doucement, jusqu’au dernier souffle de vie, dans les tourments de douleurs qui ne laissent même plus espérer de reddition.
photo : Flickr/Lulia Mihalache