Vous verrez souvent Moïse (ici dans l’église Saint-Clément à Nantes) représenté pourvu de deux excroissances sur la tête : ce sont des cornes. Il ne s’agit pas d’un accessoire de mode suranné ou d’une grivoiserie de l’artiste qui aurait prêté des aventures à la femme du prophète .
Après une dure journée de labeur à traduire la bible de l’hébreu vers le latin (la Vulgate), saint Jérôme manque de vigilance… et là c’est le drame.
Jérôme a correctement traduit le passage des tables de la Loi reçues par Moïse. Comment expliquer la suite ? Un bug du logiciel de traduction, une blague potache ? Lorsque Moïse redescend du Mont Sinaï, Jérôme comprend « son visage était cornu » là où il fallait comprendre « son visage était rayonnant ». La faute au mot karan rayonner, proche de keren corne.
Des générations d’artistes représenteront Moïsé affublé de ses cornes postiches. Chagall jouera d’ailleurs finement de l’ambiguïté de la traduction et représentera Moïse avec des cornes rayonnantes.
Vidéo du Collège de France sur Les cornes de Moïse. Faire entrer la Bible dans l’histoire – Thomas Römer