La récente tuerie en Norvège vient remettre le film Dogville de Lars von Trier sur le devant de la scène. Placé en 3e position dans la liste des films préférés de Breivik, on saura probablement lors de son procès quelles ont été les différentes influences qui ont conduit à la tragédie.
On parle déjà du jeu vidéo World of Warcraft mettant en scène des scènes de guerre, comme d’un possible responsable. Il faudrait à ce sujet relire « Lettre à mon fils » dans Pastiches et postiches d’Umberto Eco. Le texte est une réponse aux pacifistes des rayons de jouets pour enfants.
Je ne permettrai pas de faire feu de tes deux colts à titre de défoulement nerveux, de purification ludique des instincts congénitaux, en remettant à plus tard, après épuration faite, la « part constructive », la communication des valeurs. Je chercherai à te donner déjà quelques idées quand tu seras en train de tirer au pistolet, caché derrière un fauteuil. […] Ainsi, cher Stefano, je t’offrirai des fusils. Et je t’apprendrai à jouer à des guerres très compliquées, où la vérité ne se trouve jamais d’un seul côté, où l’on doit signer, à l’occasion, des armistices. Tu te défouleras dans tes jeunes années ; tes idées s’embrouilleront un peu, mais des convictions naîtront lentement en toi.
On peut supposer que certains trentenaires, ados attardés, n’ont pas eu accès à la « part constructive » du jeu guerrier.
Car c’est bien de rage dont il s’agit dans Dogville qui a eu les honneurs de la page facebook de Breivik. Le film se clôt sur une fusillade : Grace, humiliée et maltraitée par les habitants qui ont révélé toute leur cruauté, autorise son père gangster à liquider la ville dans une rage destructrice, libérant tous ses (et nos) désirs de vengeance