Le théâtre de Philip Roth

Philip Roth, sans complexe

de William Karel et Livia Manera

Vous n’apprendrez rien d’essentiel sur l’œuvre de Philip Roth dans ce documentaire, pour peu que vous ayez déjà ouvert un ou deux des romans de celui auquel on ne cesse de prédire le Nobel – espoir tempéré il y a quelques années par un membre du comité qui déclara que la littérature américaine n’était pas suffisamment ouverte sur le monde (0,5% de publications issues de traductions) –
Vous pourrez ainsi revoir Philip Roth écrire debout, devant sa table de travail, prêt à se mettre en marche lorsque l’imagination est en panne.
Chose plus curieuse, on prend conscience de la starification de Roth en découvrant le Tour of Philip Roth’s Newark, visite touristique en car de lieux décrits dans ses romans (maison, lycée, …) ainsi que de la place qui porte désormais son nom. L’auteur a pourtant fuit la ville de son enfance dont il n’a cessé depuis de parler dans son œuvre, suivant en cela le modèle des écrivains auxquels il se réfère : Joyce qui a fuit Dublin et Hemingway le Michigan.
Philip Roth revient également sur les polémiques qui ont entouré certains de ses romans. Dès ses premières publications, Roth s’est en effet trouvé accusé d’antisémitisme par des rabbins qui ne supportaient pas qu’un juif puisse avoir une vie sexuelle, ou bien d’exhibitionnisme par la puritaine société américaine.

Les secrets de son écriture nous resteront bien entendu inconnus. Il nous racontera tout de même les enquêtes qu’il a menées, à la manière d’un Zola, auprès d’un taxidermiste, d’un bijoutier ou bien d’un fossoyeur. C’est toute la science d’enquêteur et d’écrivain de Roth qu’on retrouvera par exemple dans La pastorale américaine qui fait d’un simple métier, gantier, un sujet de roman.

N’espérez donc pas percer le secret de son œuvre dans ce court documentaire. Vous pourrez seulement vous laisser charmer par cet homme si séduisant auprès des femmes, et si drôle auprès de ses amis. C’est d’ailleurs après avoir pris conscience de son pouvoir comique auprès de ses proches qu’il écrira Portnoy et son complexe.


Image : portrait de Philip Roth par David Levine

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