Le verbiage d’associations en concurrence pour sauver arbres, petits enfants ou handicapés, voilà le sujet d’ONG! la satire de Iegor Gran couronnée du prix de l’humour noir en 2003. Au détour d’une nouvelle pique contre les organisations humanitaires, l’auteur nous livre un nom bien connu pour avoir mêlé humanitaire et meurtre de masse dans son parcours.
Le journaliste lui a demandé son avis sur les causes du conflit, et l’autre, imperturbable, a déclaré qu’il voyait en nous la manifestation évidente du syndrome Durn, c’est ce qu’il a dit « Durn », du nom de ce malheureux qui avait travaillé dans l’humanitaire avant d’abattre huit conseillers municipaux à la mairie de Nanterre, En quelle année déjà ?…
À la même époque, en 2003, Gus Van Sant mettait en scène la fusillade du lycée de Columbine. Cette tuerie ainsi que celles qui devaient lui suivre aux États-Unis semblent étrangement annoncées dans ce film, Elephant, où la jeunesse américaine est écrasée par ce vide existentiel qui inonde tous les couloirs
À l’opposé, Richard Durn semble avoir été écrasé par un trop-plein qui l’a empêché de trouver sa place. Au milieu de ses activités politiques, de son engagement humanitaire, Richard Durn continue de se ressentir rejeté, isolé, sans vocation. Partout, de toutes les causes, et donc nulle part, le personnage semblait ne jamais pouvoir adhérer très longtemps à un parti, toujours appelé vers une nouvelle cause qui devait éclairer sa vie.
Les deux tueries semblent, isolément, ne rien dire d’autre que la folie de leurs auteurs, mais opposées l’une à l’autre elles semblent soudain dire quelque chose du vide ou du trop-plein dont peuvent avoir à souffrir les jeunesses américaines et européennes.
Site où vous pourrez trouvez des extraits de son journal : Richard Durn ou la tragédie d’un enfant de personne