Julien Gracq semble l’un des premiers écrivains par qui c’est arrivé. C’est passé relativement inaperçu : s’il avait arrêté d’écrire des romans il continuait malgré tout à écrire des articles.
Puis vint Philip Roth. Son cas nous interrogea davantage. Sa décision brutale d’arrêter l’écriture était-elle une provocation ? un message destiné à l’académie Nobel ? Couronnez-moi, mon oeuvre est achevée, c’est maintenant ou jamais. Je suis en vie, profitez-en.
Enfin, le cas Günter Grass dissipa tous les doutes : les écrivains prennent leur retraite, les écrivains vieillissent, les écrivains prennent du repos après les heures de labeur passées devant la page blanche., les écrivains sont humains, trop humains.
La pénibilité du travail de Philip Roth, debout devant sa table de travail, n’a pas été reconnue, ce qui l’a obligé à publier un roman par an jusqu’à l’âge de 79 ans.
C’est l’une des drôles de conséquences que l’allongement de la vie nous offre. Les poètes ne périssent plus sur les champs de bataille, les poètes maudits ne meurent plus de faim, et les duels à l’épée ne font plus de victimes chez les artistes… Faute de guerres, la vieillesse est donc tout naturellement devenue un nouveau sujet littéraire… et la retraite des écrivains un nouveau phénomène.