Jerricanes : Je reprends ici l’expression de la très bonne revue de littérature Théodore Balmoral animée par Thierry Bouchard, ses et réservée aux extraits d’ouvrages qui ont pu marquer l’éditeur. Voici donc mes jerricanes, les dernières lectures qui valent la peine d’être partagées.
Ce petit essai aurait pu s’intituler « D’après une étude américaine… »
L’auteur a rassemblé quantité d’études scientifiques assez loufoques. Quatrième de couverture : Quelle est la blague la plus drôle du monde ? Comment un surnom influence-t-il notre vie ? Que dit notre date de naissance sur notre bonheur futur ? Existe-t-il une petite annonce qui marche à tous les coups ? Peut-on se souvenir de quelque chose qu’on n’a jamais vécu ?
Quattrocento, National Book Award 2011, Prix Pulitzer 2012, est en quelque sorte le sous-texte du Nom de la Rose d’Umberto Eco. Tout le contexte politique, économique et culturel est là. Les moines, les bibliothèques, les papes, les schismes, les manuscrits, … À la différence qu’il ne s’agit plus de retrouver un texte d’Aristote mais de Lucrèce qui fera surgir la Renaissance.
Quatrième de couverture : Et si la Renaissance était née d’un livre ? Un livre perdu, connu par fragments, recopié par quelques moines et retrouvé par un humaniste fou de manuscrits anciens ? L’idée, audacieuse, vertigineuse, ouvre les portes de l’histoire de Poggio Bracciolini, dit le Pogge, qui découvrit une copie du De rerum natura de Lucrèce dans un monastère allemand. C’était à l’aube du xve siècle.
Le Pogge n’était pas seulement un bibliophile passionné et un copiste hors pair. Il aimait les arts et il avait écrit des Facéties grivoises. Il aimait les femmes et était père de dix-neuf enfants. Il n’aimait pas l’Église mais il était secrétaire d’un pape diaboliquement intelligent et corrompu. Ainsi s’ouvre à nous un monde inouï, celui d’une cour papale où s’agitaient agents cupides, moines séducteurs, filous, femmes de petite vertu et humanistes d’exception : un monde à la fois sévère et dépravé, contraignant mais libre. En découvrant, copiant et diffusant l’œuvre de Lucrèce, le Pogge aura levé le voile sur les Temps modernes, et influencé des esprits aussi puissants que Montaigne ou Machiavel. Car tout, selon Lucrèce, est fait d’atomes en mouvement, qui s’entrechoquent au hasard, se séparent et se rencontrent à nouveau. Telle fut l’intuition géniale du poète latin, une célébration de la danse de la matière et un bréviaire d’athéisme qui allaient bouleverser le Moyen Âge finissant.
Conteur né, érudit et brillant, Stephen Greenblatt emporte le lecteur au cœur de ce Quattrocento qui fit revivre l’Antiquité pour la porter jusqu’à nous.
Le prix Wepler est un prix à surveiller. Moins classique et plus audacieux dans ses choix que le Goncourt, si tous ses prix ne sont pas des chefs-d’oeuvre, ils méritent souvent le détour. C’est le cas de La blonde et le bunker de Jakuta Alikavazovic. Un de ces romans qui s’offre le luxe d’être érudit et ludique.
Un universitaire qui écrit de la fiction c’est plus fréquent chez les anglo-saxons, mais un universitaire qui se moque des universitaires c’est déjà plus rare. Même s’il est peu question d’université dans cet opus (le personnage principal écrit une série télévisée) l’humour est toujours au rendez-vous.
Illustration : Gérard Engelvin La petite liseuse