De Couac Madame Royal est-elle le nom ?

Les couacs ont tellement collé aux basques du gouvernement Ayrault qu’ils ont fini par avoir sa peau, referont-ils leur retour sous l’ère Valls ? Les premiers pas de Ségolène Royal au gouvernement le laissent penser.

Couac ! La formule a fait florès, l’auteur – journaliste ou politique ? – de ce succès a su capter l’esprit du temps avec laconisme, on ne s’intéresse plus qu’au pathologique, à ce qui dépasse, aux lapsus. Manuel Valls a donc formé un « gouvernement de combat »… contre les couacs. Mais la cinquième colonne dans cette bataille anti-couacs risque bien d’être la numéro 3 de ce gouvernement, Ségolène Royal.

Le concept-clef de la candidate malheureuse de 2007 était, on s’en rappelle, la démocratie participative. Ce concept lui a permis d’apparaître comme « une candidate extérieure à l’establishment »[1. La démocratie participative selon Ségolène Royal Ceras – Recherche et Action sociale ], une personnalité politique indépendante davantage que l’incarnation d’un courant politique.

L’échec de la « démocratie participative » de Ségolène Royal c’est « un livre programme, rédigé par des citoyens-experts, qui ne verra jamais le jour », de nombreux « débats-participatifs sans préparations ni conclusions », et l’idée démagogique que les nouveaux citoyens-experts pouvaient bien remettre en cause la démocratie représentative.

Les contours théoriques de son « citoyen-expert » restaient plutôt flous, mais ses récentes prises de position clarifient le concept : celui qu’il faudrait écouter c’est celui qui gueule le plus fort. Ségolène Royal, du haut de son statut d’ancienne candidate à la présidentielle, a témoigné peu de solidarité avec le précédent gouvernement. On a pu l’entendre donner son avis chaque fois que des tensions apparaissaient. Le mariage pour tous… ça gueule fort… elle est contre la méthode[2. Mariage pour tous. Ségolène Royal critique la méthode du gouvernement]. À chaque fois, elle « aurait fait autrement » nous dit-elle… il aurait fallu écouter le citoyen-expert, et le plus expert dans ces cas-là, l’expérience nous le montre, c’est toujours celui qui fait le plus de bruit…

L’écotaxe est validée et soutenue par tous les élus et experts, mais les citoyens-experts coiffés d’un bonnet rouge sont tellement bruyants que la fraîchement nommée ministre annonce une remise à plat du dispositif, en passant par-dessus la représentation nationale qui planchait sur le sujet depuis de nombreux mois[3. Résumé du travail parlementaire sur l’écotaxe]. D’autres « remises à plat » son d’ores et déjà annoncées… Notre-Dame-des-Landes, eurovignette, …quand ça gueule il faut écouter l’agriculteur qui veut bien d’un aéroport mais pas dans son jardin, ou le transporteur qui veut bien faire payer les camions, mais pas le sien, pas dans sa région[4. Royal soutient les Bonnets rouges « révolte citoyenne »].

Avant même que le discours de politique générale ne soit prononcé, la ministre de l’écologie occupait déjà les plateaux télé. Elle a pu faire allégeance aux écologistes en appelant les maires à ne plus utiliser de pesticides. Ça ne mange pas de pain, ce n’est pas un sujet clivant, ça plaira certainement aux électeurs écolos qui vivent majoritairement en ville – tant pis si les premières victimes des pesticides sont les agriculteurs -, et surtout elle est sûre d’être écoutée : une loi prévoit déjà l’interdiction des pesticides dans les espaces verts pour 2020 !

Les plus gros Couacs à attendre sont ceux qu’appellent la démagogie : le bruyant citoyen-expert aura raison des spécialistes et des parlementaires, odieux représentants de l’establishment : après que Ségolène Royal ait relayé la position des Bonnets rouges sur l’écotaxe, une responsable européenne lui a déjà signalé le caractère discriminatoire entre français et étrangers de cette proposition inapplicable. Qu’à cela ne tienne, la ministre a trouvé une nouvelle occasion pour fustiger les instances européennes et rejouer à nouveau son rôle de 2007 de femme indépendante seule contre tous. Elle pourra parvenir à gagner en popularité, mais l’écologie devra attendre.

titre emprunté à @renarddesvilles avec son aimable autorisation !

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