François de Rugy, co-président du groupe EELV à l’Assemblée nationale, est l’un des parlementaires les plus présents sur les réseaux sociaux. La semaine dernière le député a eu de nouveau l’occasion de tweeter lors de la désormais traditionnelle manifestation nantaise contre « l’aéroport et son monde », ou contre « les violences policières », les manifestants eux-mêmes ne savent pas très bien. Le rituel est bien rodé : violences et dégradations du centre-ville l’après-midi, condamnations politiques unanimes le soir, y compris celles plus ou moins cauteleuses des Verts. On frise le comique de répétition.
Ces photos publiées par @presseocean démontrent s'il en était besoin que ces manifestants sont de faux anti #NDDL et de vrais casseurs
— François de Rugy (@FdeRugy) February 21, 2015
Cette fois, celui qui aimerait voir revenir EELV au gouvernement tente de trier le bon grain de l’ivraie, pour retrouver ses petits, les « vrais » opposants, au milieu de ces « faux anti #NDDL », façon de redonner bonne figure aux Verts dont l’image est régulièrement ternie par les violences zadistes.
Manif´ à #Nantes. Le troisième prévenu, jugé aussi pour jet de projectiles, pensait défiler "contre l'aéroport, pas contre les policiers…"
— Thomas Heng (@thomas_heng) February 23, 2015
Quelques jours après le tweet de François de Rugy, les prévenus interpellés lors de la violente manifestation, jugés en comparution immédiate, douchaient les espoirs du député. Non seulement ces derniers se déclarent être de vrais opposants à l’aéroport, mais la moitié d’entre eux sont également de vrais occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, lieu saint de l’écologie radicale dont le député, pourtant parmi les plus modérés dans son parti, ne se voit pas demander l’évacuation. Cette citadelle médiatique à partir de laquelle les écologistes radicaux lancent des imprécations sur les malheurs du temps est un lieu où même Cécile Duflot n’oserait s’aventurer seule.
Alors ce tweet sur ces vrais « faux anti #NDDL » est-il naïf ? On penchera plutôt pour la stratégie politicienne. Si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a bien été une épine dans le pied du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui préféra temporiser (bien mal lui en prit pour son image) c’est paradoxalement au tour d’EELV d’hériter de la patate chaude, au plan local, on comprend leur silence gêné face à ces manifestations qu’ils ne contrôlent plus, mais également au plan national : aucune chance pour EELV dont l’image est entachée par ces violences zadistes aux quatre coins de la France d’obtenir un maroquin. Le gouvernement Valls aura au moins appris du gouvernement Ayrault qu’une machine à couacs ça n’avance pas.
Très localement ces petits calculs politiciens font l’affaire de EELV, au plan national c’est toujours le Front National qui en tire profit : on y sabre le champagne à chaque nouvelle manifestation contre l’aéroport. 9 voix séparaient EELV et FN lors des dernières élections à Notre-Dame-des-Landes. Si l’écologie peut se passer des zadistes, le Front National en revanche peut leur dire merci.
Echos de campagne à Valence d'Agen: "Les #Zadistes sont des voyous. Je vote #FN pour remettre de l'ordre". #Unissonsnosforces @MLP_officiel
— Patrice Charles (@patricecharles) March 7, 2015
photo : Wikimedia